Après presque deux mois de cours à la fac, il est maintenant temps de vous raconter comment le système universitaire fonctionne ici.

Pour commencer, chaque semestre se divise en 4 périodes (une période dure environ 1 mois). Un cours peut se dérouler sur 1 à 4 périodes, mais c’est très variable suivant les cours.

Je n’ai que 2 cours qui s’étalent sur les 4 périodes mais qui finissent début décembre, après j’en ai eu 3 sur les 2 premières périodes (aout-septembre) et j’en aurai 2 autres sur 2 périodes aussi (octobre-novembre).

Les examens ont lieux au fur et à mesure. Ce qui permet d’étaler les examens sur tout le semestre, et cela me semble plus judicieux. Il n’y a donc pas de partiels à la fin de chaque semestre comme en France.

D’ailleurs, je trouve que cela n’a aucun sens d’avoir les examens de toutes les matières d’un semestre étalés sur seulement une seule semaine…

Ensuite, si on le souhaite on peut repasser chaque examen 3 fois. Même si l’examen est réussi et qu’on veut essayer d’obtenir une meilleure note il est possible de le repasser.

Les examens sont assez longs ici, ils durent entre 2 et 5h. J’en ai déjà eu deux de 4 heures, et il m’en reste encore un de 4h en novembre.

Pour l’instant, j’ai déjà eu en tout 3 examens sur les 7 que je dois passer pour ce semestre.

Je n’ai pas encore eu les résultats, mais si j’ai tout validé j’obtiendrai 19 crédits (European Credits Transfer System) sur les 30 ECTS qu’il faut obtenir pour valider chaque semestre (soit 60 ECTS à l’année). Normalement, il ne m’en reste plus que 11 à valider.

Le système de notation est aussi très différent de celui appliqué en France.

Il n’a pas de note sur 20, seulement une note de 0 à 5 pour certains examens et pour d’autres on nous dit juste si l’examen est validé ou non. Par exemple, pour mon examen de finnois qui était sur 168 points, il faut avoir au moins la moitié des points (soit 84 points) pour le valider, mais au final nous n’avons pas de note : simplement un commentaire pour dire si on a réussi ou échoué.

Finalement, ce partiel de finnois s’est plutôt bien passé. En y repensant, c’était la première fois que j’apprenais une langue étrangère à partir d’une autre langue étrangère (l’anglais).

J’ai aussi un cours de tandem, où je suis en binôme avec une finnoise. Je dois lui parler de temps en temps en français, et elle m’apprendre un peu finnois, puis entre les deux langues nous parlons anglais. Je trouve que c’est très intéressant de manipuler 3 langues différentes, quasiment en même temps. D’autant plus, qu’en 2ème année de sciences du langage, nous avons étudié les systèmes mis en place dans le cerveau pour l’acquisition du lexique d’une langue maternelle puis d’une langue étrangère.

A la fin du semestre, nous devons rendre un carnet d’apprentissage qui raconte ce que nous avons fait à chaque séance de tandem.

Par contre, nous sommes totalement libres de choisir où et quand on veut se retrouver. Il n’y a pas de contrôle, c’est un cours qui est basé sur la confiance entre les étudiants et les professeurs. Je doute, que ce type de cours puisse fonctionner en France…

J’ai remarqué que le système finlandais est très basé sur la confiance. Par exemple, dans la rue beaucoup de personnes n’attachent pas leur vélo avec un cadenas.

 

 

Après un entretien en août, la fac de Turku m’a donné la possibilité de donner un cours de français à des étudiants finnois qui ont un niveau B1-B2 en français.

Avant de commencer, j'ai eu une petite formation sur 3 jours pour m'expliquer le fonctionnement des cours et rencontrer les autres enseignants de français.

Cela correspond à une sorte de stage sur les 4 périodes, qui me permet d’avoir 5 crédits pour le semestre.

J’ai donc donné mes premiers cours en tant que « professeur » à Turku !

J’ai une classe de 12 élèves, pendant 2h tous les mercredis. Chaque semaine je dois préparer mon cours et l’envoyer à ma référente de stage. Il s’agit d’un cours principalement axé sur l’oral, où les élèves doivent parler le plus possible. Par conséquent, les cours doivent être très interactifs.

Les étudiants finlandais sont bien différents des étudiants français. L’absentéisme n’existe pas, de toute façon ils ont le droit qu’à deux absences par matières dans le semestre. Mais ils ont aussi beaucoup moins d’heures de cours que les étudiants français.

Le fonctionnement des cours de langue est totalement différent de ce qui est fait en France. Je me suis rapidement rendue compte pourquoi nous sommes si mauvais en langue par rapport à d’autres pays européens.

Déjà, les cours de langue ne se font jamais à plus de 15 élèves par classe (même à la fac), ce qui permet d’interagir avec les élèves beaucoup plus souvent qu’avec une classe de 30 élèves.

De plus, il y a plusieurs cours qui correspondent aux différentes compétences d’une langue. Il y a des cours plus axés sur la grammaire, d’autres plus sur l’écrit ou sur l’oral : ce qui permet de progresser dans tous les niveaux.

Un élève particulièrement doué à l’oral, et plus fragile à l’écrit pourra choisir un cours de grammaire d’un niveau plus faible pour pouvoir s’améliorer tout en suivant un cours d’un niveau avancé pour l’oral : c’est un peu à la carte. Ce sont des groupes de niveaux et non pas des classes. Dans une même classe, il peut y avoir des élèves de master avec des élèves en 1ère année de licence.

Certes, il y a aussi un système de niveaux en France, mais ils correspondent aux classes.

Ainsi, cela ne peut pas correspondre au niveau de tous les élèves (qu’ils soient au-dessus ou en dessous). Par la suite, des élèves seront laissés de côté : c’est le cas des élèves qui ont déjà acquis le niveau demandé dans une certaine classe et qui ne pourront donc pas continuer de progresser. Et au contraire, certains élèves auront du mal à progresser, parce qu’ils n’ont pas le niveau demandé dans la classe en question.

Aussi, en France on est souvent beaucoup trop nombreux en classe pour pouvoir développer la communication.

Or, c’est en pratiquant la langue le plus souvent possible qu’on peut s’améliorer et pouvoir mettre en place les règles qui ont été apprises en grammaire par exemple. Et pour preuve, un enfant qui commence à parler, parle parce qu’il essaye et répète ce qu’il entend et non pas parce qu’il a suivi des cours de grammaire auparavant !

Ici, le but principal des professeurs est de faire de l’élève, un communicateur indépendant et confiant dans une langue étrangère. Ce qui aboutit très souvent à des élèves quasiment bilingues dès le lycée, notamment en anglais.

 

Je n'ai pas vraiment de photos pour illustrer cet article où j'ai beaucoup parlé...

La seule que j'ai, concerne les fameux overhall avec les patchs, (je vous en avez parlé dans l'article du "Chocolate trip à Helsinki") qu'ont tous les étudiants finnois. Voilà à quoi cela ressemble :

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